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Hommage à Inna Tchourikova

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Inna Tchourikova, étoile des neiges


De la dictature communiste aux crimes de guerre poutiniens, il n’est pas si facile de donner de la Russie une image positive. Et pourtant le cinéma russe a su, à travers mille embûches, filmer un pays dégagé de son carcan idéologique, transcender la réalité, nous faire rire et pleurer, nous émouvoir.

Panfilov, dès les années 60, a ainsi su capter la vie réelle d’un pays cadenassé, dessiner des personnages se battant pour vivre avec dignité. L’épouse de Gleb Panfilov, sa muse, se nommait Inna Tchourikova. Immense actrice vite adoptée et aimée par le public soviétique, elle reçoit, entre autres, le prix d’interprétation féminine au festival de Berlin en 1984. Rêveuse, fragile, déterminée, brûlante d'émotion et de tendresse, elle s'impose comme l’une des grandes actrices russes. Innocente dans Le Début, le deuxième film-bijou de Panfilov, déterminée dans Je demande la parole, sollicitée avec un égal bonheur par d’autres réalisateurs que son mari, elle traverse plus de 50 films avec la même autorité. Dans Le Thème, un film censuré durant huit ans qui obtient l’Ours d’or à Berlin en 1987, le personnage d’Inna Tchourikova est confronté à Kim, un auteur en crise essayant de se trouver un second souffle loin de la ville – avec sa jeune maîtresse. Le film aborde le thème de la création sous l'angle de la remise en question, du sens à donner à l’art et à la vie : Kim, un dramaturge dont la renommée s’est faite sur des œuvres à sujets historiques qui ont marqué deux générations, s'est enkysté et erre dans les étendues glacées de l’hiver russe où il croise Inna Tchourikova qui interprète le rôle de Sacha, une guide à l'étrange beauté, taiseuse, diaphane, chantant les louanges d'un poète inconnu qu'elle voudrait voir célébré par le régime et aimé du peuple. Sous une chapka de couleur neige, elle se considère comme une simple passeuse et irradie le film.
Jeanne Moreau du cinéma russe, Inna Tchourikova qui en 1990 joua dans La Mère, film de son mari tiré de l’œuvre de Gorki, nous a quittés le 14 janvier 2023. Nous l’avions invitée, à Quimper, Valence, Paris et lui organisons avec émotion un hommage dans la salle de Jean Cocteau, Le Studio 28 à Montmartre.
Marc Ruscart

Projection au Studio 28 le vendredi 24 mars à 17h.
Projection au Studio 28 le dimanche 26 mars à 17h